« FIGURATIONS PARISIENNES – HUIT ARTISTES », 02.05 – 13.05.2018

Du 2 mai au 13 mai, au 11 rue des Beaux-Arts dans le 6e, la Galerie T&L propose une exposition faisant le point sur la scène figurative parisienne actuelle dans toute sa diversité, à travers les oeuvres de dix différents artistes.

Artistes : Thomas Lévy-Lasne, Marcos Carrasquer, Barbara Navi, François Malingrëy, Marion Bataillard, Yann Lacroix, Anahita Masoudi, Quentin Spohn.

Le retour de la figuration, voilà plus de dix ans que l’on en parle. Elle n’avait jamais vraiment disparu. Elle était juste devenue invisible car indésirable, parce que étiquetée comme réactionnaire, inutile, décadente, n’apportant rien de neuf – en un mot : rétrograde. Petit à petit, depuis les années 2000, dans un effet naturel de balancement des modes qui finissent toujours par s’essouffler, elle retrouve sa place naturelle aux côtés des autres approches permises par la peinture et le dessin. L’art conceptuel, l’art minimal, la performance ne sont plus les seules formes d’art admises par la critique consacrée et par les institutions qui se sont autorisées à juger les artistes. C’est tant mieux.

Cette exposition, loin d’être exhaustive, entend confronter et associer huit artistes actifs à Paris depuis les années 2000, des hommes et des femmes, français ou étrangers, bien connus ou émergents. Ils possèdent chacun un style, des registres de prédilection et un univers esthétique bien à eux mais cultivent aussi des affinités, des parentés dans l’expression et/ou dans l’inspiration. Autour de plus d’une trentaine d’oeuvres, cette exposition est un arrêt sur image, à un instant T, dans une grande ville de l’art alors que la peinture figurative connaît un dynamisme sans précédent.

Thomas Lévy-Lasne (né en 1980) est sans nul doute le plus « photo-réaliste » d’entre eux : par sa peinture saisissant sans détour des situations banales du quotidien, il raconte notre vie contemporaine avec ses us et coutumes, tout en introduisant une dose d’ironie qui fait de lui bien plus qu’un simple imagier « reproducteur du réel ». Il croque la vie moderne sur le moment, sans détours, avec des couleurs vives, des éclairages francs qui cernent tous les contours et dans des cadrages aux allures cinématographiques donnant l’impression de l’immédiateté.

Aux antipodes, Quentin Spohn (dessinateur né en 1984) et Marcos Carrasquer (né en 1959) explorent un filon plus expressionniste voire fantasmagorique, inventif et torturé, post-surréaliste dans la lignée de Dix ou de Dado. Pulsionnel et burlesque, leur travail explore notre inconscient et nos obsessions enfouies mais aussi, chez Carrasquer, l’histoire moderne, avec sa violence et son cortège d’absurdités. Tous les trois – Lévy-Lasne, Spohn et Carrasquer – sont pourtant reliés par une maîtrise quasi naturaliste dans la transcription de la figure humaine et de l’environnement.

Marion Bataillard (née en 1983) et Anahita Masoudi (née en Iran en 1979) sondent, d’une certaine manière, la place de la femme dans les sociétés, l’une de manière ironique et joyeuse avec une peinture aux couleurs claires et franches et aux structures réminiscentes de l’art des Primitifs italiens et flamands, l’autre de manière tragique avec une touche plus empâtée, des couleurs fânées ; chez Bataillard, la sexualité est là, le spectateur est aspiré dans les toiles par les regards insistants du modèle, qui est souvent l’artiste elle-même. Masoudi, qui vit et travaille en Iran, pratique, elle, une peinture qui se veut engagée sans être clairement politique : la femme est son personnage principal et elle la figure dans des situations d’isolement ou d’enfermement qui dénoncent la condition féminine otage d’idéologies qui lui ôtent sa dignité. Son cri de liberté n’en apparaît que plus fort quand elle reprend L’origine du monde de Courbet à coup de pinceaux vibrants mais où le sexe féminin est masqué – censuré – par le noir d’une culotte.

Barbara Navi (née en 1970), quant à elle, traduit une peinture intellectuelle, filtrée par les questions de métamorphose des espaces, de compénétrations des registres, de présence et d’absence du motif, comme François Malingrëy (née en 1989), qui pratique une peinture faussement objective mais qui, en réalité, met en scène des états psychologiques abstraits.

Enfin, Yann Lacroix (né en 1986) s’attaque au paysage à travers une peinture frisant avec l’exotisme géographique et les références des années 1960 et 1970, de Hockney à Aillaud, où l’homme brille par son absence alors même qu’il peint maisons, serres et piscines.

Galerie

Vue de l’exposition