Du 25 avril au 13 juillet, la Galerie T&L propose une exposition évènement explorant les rapports entre l’œuvre de Leonardo Cremonini (1925-2010) et de Francis Bacon (1905-1992) ainsi que leur amitié artistique, nouée à Rome dans les années 1950.
Les deux artistes, résolument figuratifs à l’époque où triomphe l’art abstrait, ont tissé une relation féconde qui, en particulier dans les années 1950 mais aussi dans les années 1960, a nourri leur oeuvre respective. L’exposition mettra en regard les tableaux de Cremonini avec des estampes de Bacon tandis que des documents d’archives inédits permettront de restituer cette amitié artistique peu connue. Le catalogue de l’exposition fera la part belle à un essai sur les liens entre Cremonini et Bacon dû à Milan Garcin, docteur en histoire de l’art, spécialiste de Bacon.
L’exposition, qui se tiendra au moment où l’Institut de France exposera le fonds complet des gravures de Cremonini, bénéficiera également de deux prêts exceptionnels de The William-Louis Dreyfus Foundation de New York.
Bacon et Cremonini : histoire d’une amitié artistique
Tout naît d’une rencontre : celle de Francis Bacon avec l’œuvre de Leonardo Cremonini, en décembre 1954, à Rome. Entrant dans la galerie l’Obelisco, il y découvre une des premières exposition de Cremonini, jeune peintre âgé de vingt-neuf ans. Séduit par les œuvres, il demande à rencontrer l’artiste. Les deux hommes s’entendent bien et Leonardo Cremonini fait alors découvrir Rome et ses monuments à l’artiste britannique, de seize ans son aîné, voyageant ensemble jusqu’à Naples.
Dès l’année suivante, les deux artistes vont partager la même galeriste, Erica Brausen, propriétaire de la mythique Hanover Gallery, à Londres, puisqu’une exposition de Cremonini y est prévue pour fin 1955. Dans la lettre que Bacon adresse à Brausen depuis Rome le 13 décembre 1954, dont le fac-similé sera montré dans l’exposition, il recommande à sa galeriste de faire appel à l’écrivain W.H. Auden pour écrire le texte de l’exposition de Cremonini à Londres. Après Rome et Londres, les deux artistes se fréquentent ensuite à Paris, où Cremonini vit une partie de l’année depuis 1950, partagent les mêmes galeries en Italie pour un temps puis se retrouvent à la fin des années 1970 quand ils commencent à collaborer avec le même marchand, Claude Bernard. Bacon y expose pour la première fois en 1977, Cremonini deux ans plus tard. Enfin, à la veille de sa mort, en 1991, Bacon rend une visite surprise à son ami italien dans son repère sicilien de Panarea.
Cremonini et Bacon : allers-retours stylistiques
L’exposition explore les nombreux liens stylistiques entre l’œuvre des deux artistes, en se concentrant sur les années 1950, les années 1960 et le début des années 1970. En regard d’œuvres majeures de Cremonini des années 1950 à 1970, sont exposées quelques lithographies originales de Bacon. Des documents d’archives – catalogues d’exposition, affiches, lettres, photographies – documenteront les liens féconds entre l’artiste britannique et le peintre italien.
Des œuvres de l’exposition romaine de Cremonini en 1954, vues par Bacon, font partie de l’accrochage. À cette époque, Cremonini met au point un style figuratif, dans une veine post-cubiste qui devient de plus en plus expressif et libéré à la fin des années 1950 – évolution à laquelle n’est pas étrangère la rencontre avec Bacon. Alors qu’il connaît ses premiers succès, la peinture de Cremonini se fait physique, avec une touche apparente, parfois violente (La torture, 1961), laissant des traces de pinceau et bientôt des coulures verticales sur la toile – travail de la coulure que Bacon admirait particulièrement chez Cremonini.
Dans les années 1960, le style des deux artistes évolue et ils partagent alors un intérêt commun pour des arrière-plans architecturés qui multiplient et compliquent l’espace dépeint, à travers des portes, des fenêtres, des entrebâillements qui ne donnent sur rien. Cet attirail iconographique sert une fonction similaire : il décuple les sentiments des personnages chez Bacon (peur, déréliction etc.) et ils manifestent la tension de situation lourdes de non-dits chez Cremonini. Althusser et Deleuze ne s’y tromperont pas, identifiant chez les deux artistes des procédés semblables : chacun à leur manière, ils révèlent l’invisible à travers la figure visible.
Leonardo Cremonini, dans l’œil de Francis Bacon
Histoire d’une amitié artistique
Exposition du 25 avril au 13 juillet 2024
Vernissage le jeudi 25 avril 2024
Galerie
Exposition du 25 avril au 13 juillet 2024
mardi/samedi – 14h-19h