Anahita Masoudi
Anahita Masoudi est une artiste iranienne née en 1979 à Khorramabad et installée entre Téhéran, Paris et Istanbul. Elle a étudié le dessin et la peinture aux Beaux-Arts puis à l’université de Téhéran.
Masoudi emploie des couleurs fanées, comme éteintes, qui donnent une élégance calme à ses toiles, les faisant ressembler à des fresques délavées qu’on aurait détachées de la paroi qu’elles ornaient. Il y a rarement de profondeur, de perspective – en un mot d’espace – dans les sujets qu’elle choisit : on sent que la loi de l’enfermement organise son esthétique. Tout se passe au premier plan. Parfois, elle ne représente plus qu’un mur, usé par le temps.
Parmi les thèmes (et les personnages) qu’elle traite fréquemment, celui de la femme revient avec insistance. Elle n’est pas le simple motif esthétique, le canon de beauté idéal, dont font habituellement d’elle les peintres : vue par l’artiste au-delà de ce prisme, sa féminité est revendiquée sans être ostensiblement exhibée. Orientale, la peau mate, parfois dénudée, son origine est signifiée par un simple tatouage en caractères farsi inscrit au creux du dos ou sur le bras : le prénom de l’artiste, qui fait ainsi la signature du tableau mais, également, de chaque image un autoportrait.
La femme est souvent seule, qu’elle soit cachée derrière le noir du voile dont s’échappe seulement, avec puissance, les mains ou le regard, sièges de l’âme, ou affaissée dans une baignoire, ou encore empaquetée dans un film plastique transparent (métonymie de l’enfermement que représente le voile intégral ?), recroquevillée dans une souffrance solitaire, torturée psychologiquement autant que physiquement.